2009/11/17

Un bulletin non chiffré

La vingtaine.

La vingtaine, c'est un jalon. Dans la vie d'un homme ou d'une femme, la vingtaine c'est parfois l'heure d'une remise en question, du rejet ou de l'acceptation en bloc ou non des valeurs inculquées par ses ascendants, son héritage… Des fois ça se fait avant, des fois ces réajustements de vie viennent plus tard. Parfois tout est si clair, la ligne déjà tracée pour soi l'avait été d'une main solide et résolue, d'un trait sûr et franc. Et parfois c'est le brouillard, on ne sait comment aborder la suite, on se questionne sur l'avenir, les beaux projets de carrière et toutes ses ambitions…

Ah, ma vingtaine à moi me paraît si loin. Celle de mon fils en est à mi-chemin. S'il ne l'a pas facile comme j'ai pu l'avoir, j'ai dû franchir mes obstacles bien à moi. Autre temps, autres mœurs. C'est comme ça, les temps changent.

Un centenaire, c'est long longtemps. Je n'en ai qu'un demi et mon fils le quart. Pendant nos existences, mon équipe a gagné 24 coupes, j'en ai vu 13 et fiston 2. J'ai vu le jour alors qu'il n'y avait toujours que six originales dans cette ligue de hockey et ma progéniture a crié ses premiers pleurs alors qu'il y en avait 21. Aujourd'hui ils sont trentaine. Les temps changent.

La vingtaine, c'est un jalon aussi pour mon équipe de hockey. Aujourd'hui ça voudrait dire le temps du bulletin chiffré ? Tout le monde, y compris sa belle-mère y est allé du sien. Je ne pouvais, moi non plus y échapper. Mais depuis dimanche matin je me retiens. Parce que non, je ne ferai pas l'autruche et j'admettrai que les résultats sont décevants. Et cette fusillade de samedi, oh là là. Notre joyau chéri laissé en proie aux Prédateurs de la ville du temple de sa musique préférée, plus ironique que ça…

Je voudrais juger à mon tour des performances de mes bien-aimés Glorieux, y aller d'une analyse éclairée, dénuée de toute perversion émotive et ça n'est pas facile. À l'heure où l'on se remémore ces années épiques et dynastiques des Joliat, Morentz, Harvey, Richard, Béliveau et Lafleur… vous les connaissez tous ces héros mythiques qui une minute nous enchantent, et l'autre nous dépriment.

Ils nous enchantent dans nos mémoires ou sur les écrans, et nous dépriment parce que les héritiers n'ont su se lever à leur hauteur. J'en lis tellement qui les matraquent, je n'ai pas le goût d'en rajouter, même si moi aussi je souffre. Oui, j'ai aussi mal à ma Flanelle !

Dois-je pleurer pour autant ? Dois-je retourner au fond de ma caverne pour n'y en ressortir qu'au printemps ?

Oui moi aussi j'en ai contre mes athlètes, ceux qui ne peuvent relever leur jeu d'un cran, ceux qui dorment encore lorsqu'on les appelle pour venir prêter main forte aux équipiers. Jeunesse ingrate, on la connaît cette relève, même que certains parmi nous ont cette responsabilité, on l'élève… Mais renie-t-on ses héritiers parce qu'ils perdent leurs repères ? Même ce tueur en série qui dans une prison croupit a eu une mère.

J'en ai davantage contre ces meneurs de claques qui ne font que décrier et qui, au nom d'une soi-disant justice patrimoniale, se permettent d'oublier qu'on ne peut rebâtir une équipe en deux temps trois mouvements. Au lieu de montrer comment soutenir leur équipe, ils encouragent les faux partisans à crier au racisme ou encore à dénoncer le capitalisme d'un sport qui en est pourtant aujourd'hui si dépendant.

Par chance, pour chaque belle-mère aigrie ou ex-entraîneur qui n'a jamais été choisi pour diriger mon équipe, il y a un scribe tel Marc-Antoine Godin qui dit les choses comme elles sont. Par chance, pour chaque vieux jauniste-motocycliste-viré-scénariste ou pisse-vinaigre qui verse son fiel sur l'organisation à partir du trottoir où il y a été relégué par un proprio fâché, je peux lire un Jean-François Bégin dans La Presse ce matin, ému, déçu, mais raisonnable. Par chance, lorsqu'il ne semble plus y avoir rien de positif à écrire, certains journalistes se tournent vers de vieux concepts du métier et vont dénicher l'histoire à raconter : mes hommages bien sentis à Dave Stubbs du quotidien The Gazette ce matin pour sa pièce sur Wayne Thomas. Si vous avez à vous poser la question à savoir qui est ce Wayne Thomas et que vous ne vous donnez même pas la peine de chercher ou d'aller voir… je n'oserai vous dire directement ce que je pense de votre passion pour le CH ou hockey, si vous clamez en avoir une.

Qu'est-ce qu'un vrai partisan ? Celui qui se tient derrière son équipe, dans la défaite comme dans la victoire. Pas celui qui chante le fatal "Na na na na, na na na na, hey hey..." avec 4 minutes à faire et une avance de 2 buts. Cette fois-là, Jack Todd avait raison.

Vous vous rappelez certainement cette soirée du 19 février 2008. Mike Boone s'en rappelle, lui. Vous y avez là la meilleure définition du partisan que vous pouvez trouver dans la récente histoire de notre glorieuse équipe : celui qui n'a jamais perdu confiance, même quand son équipe se faisait massacrer au compte de 5 à Zéro.

Le bulletin que je voulais rédiger pour mes Canadiens, je l'envoie à ceux qui méritent le plus qu'on les interpelle.

4 commentaires:

  1. Hum...

    Demander aux journalistes d'être moins négatifs face aux Canadiens...

    1. Il ne s'agit pas d'une équipe de Pee Wee constituée d'enfants, mais d'adultes. On peut crier notre déception quand ils perdent.

    2. Un vrai partisan peut a le droit d'être déçu de son équipe et de le dire.

    3. Un étudiant qui échoue ses examens aura un BULLETIN très négatif... et il aura sans doute droit à une sévère RÉPRIMANDE de la part de ses parents, même si ceux-ci l'aiment. Il en va de même du CH et de ses partisans.

    4. Le hockey est un sport, pas une religion pour fanatiques finis.

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  2. Louis, je suis entièrement d'accord avec vos propos. Si vous avez compris le contraire, j'ai dû mal m'exprimer.

    Je me suis expliquée davantage dans le billet suivant.

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  3. Le Canadien est plate à regarder et oui ça devient frustrant. Cependant, ce n'est pas à force de mettre de la pression et à écrire constamment des propos négatifs que l'équipe va s'en sortir.

    Il y a des limites à frapper sur une organisation et laissez-leur le temps de s'habituer. Il y a du talent dans cette équipe mais cette ville est tellement exigeante que certains d'entre eux doivent avoir perdu le plaisir de jouer.

    Oui, ils sont millionnaires, oui oui, ils sont choyés... On sait tout ça... Bon, ya autres choses???

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  4. Maudit, que j'aime cette Lyse-ci ;) J'aime ta plume...pour le bien de nos yeux et surtout pour notre bon plaisir, tu devrais écrire plus souvent ...(je ne veux pas te mettre de pression)...Bravo Lyse !!! j'espère que tu retrouveras ce goût de l'écriture ...ciao !!

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