2011/04/01

911 ou 411?

Dont Feed the Trolls Pictures, Images and Photos
La cyber-intimidation existe. Elle n'est qu'une transposition internaute d'un autre fléau qui existe dans la vraie vie : l'intimidation. Et c'est malheureux.

Loin de moi l'idée de minimiser les effets néfastes de ces gestes misérables, car j'ai vécu l'intimidation en milieu scolaire et aussi subi les affres de ce qui pourrait être considéré comme du harcèlement psychologique en milieu de travail. Et je peux vous dire que la douleur ressentie par les victimes est bien réelle.

Ma motivation à rédiger ce billet? Bien sûr, il s'agit de la saga @jeffsabres.

D'une part, je comprends que des célébrités québécoises – ainsi que des citoyens bien ordinaires – ont pu être inquiétées de la teneur des propos d'un « twit ». Et je ne dénonce pas en tant que tel toute la médiatisation de l'histoire, car celle-ci a du bon : les gens savent que tout n'est pas permis dans les internets comme c'est le cas dans la vraie vie.

D'autre part cependant, je ne peux que me questionner sur certains points.

Ces victimes dont on entend le plus parler dans cette histoire, il me semble qu'elles sont aussi tombées dans le piège confortable du sentiment de fausse sécurité que procure un écran d'ordi ou de téléphone intelligent. Si le harceleur en question les avait provoquées dans la rue ou dans un centre commercial, ne se seraient-elles pas défilées de son fiel – le dénonçant aux autorités si jugé nécessaire – sans lui répondre?

L'une des victimes bien connues de #jeffsabres a tweeté ceci :

Je la crois, évidemment. Toutefois, je me demande si ces victimes avaient cru bon de ne pas répliquer aux attaques ou aux menaces du gazouilleur troublé, la situation aurait pu dégénérer avec une telle ampleur. Bien sûr, tous n'ont pas la même sensibilité ou la même carapace et comme dans d'autres situations, nos états d'âme du moment peuvent influencer notre capacité à faire le canard et laisser couler l'eau sur notre dos.

On dit souvent que les athlètes s'illustrent moins par leur intelligence que leurs muscles, les hockeyeurs en particulier. Or, une de nos vedettes locales, Max Pacioretty a su mieux réagir que nos vedettes de la télévision et des médias sociaux lorsqu'il a reçu des messages malveillants d'un partisan de son agresseur du 8 mars dernier.Il l'a ignoré, du moins sur Twitter, évitant ainsi que la chose n'escalade autant.

Encore une fois, l'intimidation, qu'elle soit à saveur internaute ou vanille, c'est sérieux.

J'aurais aimé constater que nos victimes-vedettes puissent revenir sur cette suite d'événements en reconnaissant qu'elles ont peut-être alimenté le troll en question. On peut dénoncer un mécréant, mais il est aussi possible de le faire sans nourrir la bête.


Ainsi, je ne suis pas d'accord avec ce tweet lancé par une des victimes de @jeffsabres :

Il faut en parler. Ça fait réfléchir. Ça sensibilise. J'admettrai qu'il n'est pas nécessaire de mentionner le nom du harceleur. Mais ces vedettes-victimes ne tirent-elles pas une certaine publicité des événements en focalisant sur leur rôle de victime? Je peux paraître dure ici, mais je voyais là une belle opportunité pour elles de profiter de l'occasion pour passer un message de prévention. Or, jusqu'ici je n'ai pas vu grand-chose à cet effet...

Dans le même ordre d'idée, hier j'ai posé la question à savoir combien parmi les ceux qui ont condamné @jeffsabres avaient condamné le concept d'un t-shirt avec l'inscription « Die Chara Die ». Une personne m'a répondu que les gens savent faire la différence entre un gag sportif et une réelle menace.

J'ai besoin d'y réfléchir un peu encore...


Ajout - À lire comme outil de réflexion, ce billet de Mario Asselin: Ordure numérique et rôle de l'école.